L’électricité comme source d’énergie : l’exemple du Québec
30 octobre 2020
30 octobre 2020
Comment la province a permis de réduire les émissions de GES à l’échelle sociétale
Réduire la consommation d’énergies émettrices de CO2 au sein d’une société développée peut sembler une tâche fastidieuse, voire insurmontable, lorsque vient le temps de lutter contre les changements climatiques. Mais il existe plusieurs exemples de collectivités ayant pris l’initiative de réduire leurs gaz à effet de serre (GES) à l’échelle sociétale.
L’une de ces collectivités est le Québec. Au cours des trente dernières années, le Québec a pris les mesures qui s’imposaient pour réduire ses émissions de GES. Non seulement ces mesures ont donné des résultats, mais elles ont également eu un effet positif sur l’économie (du moins jusqu’à l’arrivée de la pandémie). Le Québec est un bon exemple pour l’ensemble de l’Amérique du Nord en raison de son économie, de son climat et de sa géographie, mais aussi parce qu’il a fait de la réduction des émissions de carbone une entreprise viable. Et en tant qu’ingénieur spécialisé en projets d’amélioration de l’efficacité énergétique, je travaille à marier la consommation énergétique d’un bâtiment avec l’énergie propre et abordable que fournit le Québec.
Selon moi, le Québec pourrait servir d’exemple pour le reste du Canada et pour les États-Unis, où, avec tous les bons ingrédients en main (comme l’électricité, le solaire, l’éolienne, le télétravail, etc.), nous pourrions dynamiser l’économie et favoriser une utilisation responsable des combustibles fossiles dans un avenir moins dépendant du carbone. Mais comment y parvenir ?
Au Québec, notre apport en électricité dépend de l’eau et de la gravité. Bien qu’elle demande un financement initial important, l’énergie hydroélectrique est relativement abordable et les infrastructures ont une durée de vie d’au moins une centaine d’années, avec un remplacement occasionnel des turbines. Le carbone intrinsèque investi dans l’hydroélectricité dure très longtemps. Et bien que l’emplacement des barrages s’accompagne de certaines préoccupations environnementales, l’hydroélectricité, lorsqu’elle est praticable, est selon moi une solution durable. Au Québec, le prix du gaz naturel est relativement élevé par rapport à celui de l’électricité, une énergie abordable et fiable. De plus, une taxe carbone est utilisée pour appuyer des incitatifs financés mis en place.
Grâce à une énergie à moindre coût et à des remises de la part des organismes de services publics et du gouvernement, le Québec a instauré des incitatifs afin de favoriser l’adoption de pratiques telles que l’éclairage aux DEL dans les résidences et les entreprises. Il a également soutenu l’installation de bornes de recharge 240 V et l’achat de véhicules zéro émission.
Pourquoi bâtir 50 barrages si 20 suffisent ? Le Québec a pris les moyens pour réduire la consommation d’énergie des bâtiments. Les propriétaires de maison et les entreprises, pour qui le prix au kWh est relativement bas, sont encouragés à investir dans des systèmes électriques efficaces. Les propriétaires optent pour des systèmes de chauffage électrique (comme des thermopompes et des plinthes électriques) plutôt que des chaudières, réduisant ainsi leur consommation de gaz naturel..
Une électricité abordable, propre et fiable simplifie la justification commerciale pour les consultants et les fournisseurs de services. En effet, ils peuvent plus facilement démontrer aux clients commerciaux l’incidence qu’aura une amélioration du rendement énergétique sur leurs résultats nets et pourront mieux estimer les délais de récupération. Cela a permis aux contrats de performance énergétique, dont les services d’amélioration du rendement et les investissements sont récupérés grâce aux économies sur l’énergie, de connaître une croissance importante.
En faisant de l’amélioration du rendement écoénergétique une entreprise viable, il est plus facile pour les grandes entreprises et les clients commerciaux tels qu’Ikea ou le gouvernement canadien d’investir dans des mesures efficaces. Le marché de la technologie comporte toutefois un avantage. Par exemple, pour notre client Ikea, nous aurions pu choisir une thermopompe et un refroidisseur standards à lévitation magnétique sans frottement qui seraient rapidement amortis, plutôt que de leur proposer une technologie personnalisée plus difficile à justifier financièrement.
Les combustibles fossiles comme le gaz naturel ne disparaîtront pas de sitôt, car ils occupent une place importante dans les domaines tels que l’aviation, qui représente un faible pourcentage de l’ensemble des émissions de GES. Ne devrions-nous pas conserver ces sources d’énergie pour les applications les plus appropriées ? Les systèmes géothermiques hybrides, par exemple, où des thermopompes comblent les besoins énergétiques durant une grande partie de l’année et brûlent du gaz naturel uniquement lorsque c’est nécessaire, sont une excellente solution pour des climats plus froids.
Afin de nous rapprocher de nos objectifs, nous devons favoriser la réduction de la consommation des énergies émettrices de carbone et trouver la meilleure solution pour chaque situation.
Il aura fallu au moins 30 ans et des investissements publics. Mais le Québec a permis au secteur privé de mettre en œuvre l’électrification, l’amélioration du rendement énergétique et la réduction d’émissions de carbone. De plus, le progrès effectué en matière d’énergie verte au Québec ne s’est pas fait aux dépens de l’industrie du gaz naturel, qui a continué de prospérer et de se diversifier dans la production d’énergie renouvelable. Il est grand temps que l’Amérique du Nord se tourne vers le Québec pour s’en inspirer.