Réhabiliter les écosystèmes dans un monde post-pandémie
04 juin 2020
04 juin 2020
Alors que le monde sort de son confinement et que les industries reprennent leurs activités, comment concevoir des écosystèmes plus résilients?
Des eaux limpides dans les canaux de Venise, en Italie. Des ciels clairs au-dessus de mégapoles comme New Delhi et Los Angeles. Des oiseaux en migration libérés du trafic aérien. Ce ne sont que quelques exemples des conséquences observées à la suite de la chute l’économie mondiale durant la pandémie de COVID-19. Les industries sont en arrêt, les avions sont cloués au sol et le nombre de véhicules sur les routes a dégringolé. Les émissions de dioxyde de carbone devraient chuter de près de six pour cent cette année, selon le Center for International Climate Research.
Bien que cette accalmie au cœur de la pandémie soit la bienvenue, lorsque les populations sortiront de leur confinement, que les gens recommenceront à voyager et que les industries reprendront leurs activités, les niveaux de pollution augmenteront à nouveau et ces images de ciels clairs et d’eaux limpides ne seront plus qu’un souvenir. Et ce n’est pas surprenant; l’être humain est un facteur de stress pour la planète.
Mais un écosystème équilibré peut supporter ce stress. Alors dans un monde post-pandémie, comment concevoir des écosystèmes plus résilients face aux perturbations liées à l’activité humaine? Que pouvons-nous faire pour maintenir les améliorations constatées lorsque l’humain est absent?
En raison de la réduction draconienne des voyages et du transport, notre air est plus pur. Toutefois, à mesure que l’économie reprend doucement, nous pouvons nous attendre à ce que le niveau de la pollution suive la même courbe que les activités commerciales. Comment pouvons-nous empêcher cela? En réhabilitant l’habitat des forêts et en plantant plus d’arbres. Les arbres absorbent le dioxyde de carbone de l’atmosphère, diminuant ainsi la pollution est séquestrant le carbone. Un acre de nouvelle forêt peut séquestrer environ 2,5 tonnes de carbone par année (ubanforestynetwork.org). Selon le rapport « Global Tree Restoration Potential » publié par le magazine Science, nous pourrions augmenter le couvert forestier mondial de trente pour cent sans incidences sur les villes et l’agriculture. Imaginez l’effet que pourrait avoir une telle augmentation de nos forêts sur notre capacité à maintenir la qualité de l’air après la pandémie.
Si la planète Terre est un organisme vivant qui respire, alors l’eau et les zones humides sont les reins de la Terre, filtrant et nettoyant l’eau, avant de la retourner dans son écosystème. En ce moment, ces reins fonctionnent mieux qu’avant la pandémie. Pourquoi? Parce qu’il y a moins de véhicules sur les routes et moins de polluants rejetés dans l’environnement. Lorsqu’il pleut puis que l’eau de pluie ruisselle le long des routes et des stationnements, elle est plus saine, car elle transporte moins de polluants. Afin de conserver cette eau propre dans les écosystèmes, nous devons concevoir et construire plus de ces systèmes de filtration, de ces « reins ». C’est-à-dire créer et bâtir des zones humides et des systèmes de gestion des eaux de pluie qui contribueront à filtrer et à traiter l’eau. Par exemple, dans un stationnement, où les rejets pluviaux sont plus clairs et plus sains lorsqu’il y a moins de circulation, nous pouvons concevoir et mettre en œuvre des systèmes de traitement tels que des zones humides, afin de filtrer l’eau et ainsi améliorer sa qualité. Ce n’est que l’une des méthodes permettant de renforcer les reins de la Terre.
Revenons à notre belle ville de Venise et ses eaux limpides. À l’origine, les canaux de Venise ont été conçus pour le transport des habitants de la ville. Ils n’étaient pas censés recevoir une telle densité de circulation de bateaux et des millions de touristes. Cette circulation provoque des remous, soulève les sédiments et les ramène à la surface de l’eau. Mais aujourd’hui, revoir la conception de ces fameux canaux de manière à soutenir la circulation dense des bateaux est impensable. Toutefois, dans un monde post-COVID, nous pourrons améliorer l’efficacité des reins de la Terre en réhabilitant les ruisseaux et les rivières de manière à atténuer ce même phénomène des sédiments en suspension que nous constatons à Venise.
Il est possible d’éviter de retourner aux niveaux de pollution de l’air et de l’eau d'avant la pandémie – à condition d’investir immédiatement dans la réhabilitation de ces écosystèmes florissants.
Comment pouvons-nous y parvenir? Il existe plusieurs méthodes. Dans le cas des ruisseaux et les rivières, nous pouvons planter une végétation indigène sur les berges afin de prévenir l’érosion des sols, réduisant ainsi le niveau de sédiments dans l’eau et maintenant sa clarté. La végétation absorbe aussi le carbone, et l’ombre qu’elle procure aide à réguler la température de l’eau qui, en retour, contribue à la qualité de la vie aquatique. La conception de plaines inondables est également une bonne solution. Lorsqu’une rivière peut rapidement et fréquemment déborder dans sa plaine inondable lors d’orages, le stress sur les berges est grandement atténué, ce qui réduit l’érosion. Dans le cadre d’une réhabilitation d’un écosystème d’une rivière, nous évitons également d’installer des enrochements ou de grosses pierres sur les berges, qui peuvent réduire l’ombrage et augmenter la température de l’eau, mettant ainsi en péril la survie d’importants organismes qui y vivent. En concevant des ruisseaux et des rivières comportant des bassins et des radiers, nous créons des habitats sains tels que des bassins profonds pour les poissons et des zones peu profondes pour les invertébrés. Ces techniques et autres méthodes de réhabilitation des cours d’eau aident à créer des écosystèmes propres et sains.
Bien que la pandémie de COVID-19 et le confinement mondial aient temporairement atténué le stress lié aux activités humaines sur les écosystèmes de la planète, ces perturbations reviendront éventuellement. C’est inévitable. Mais le retour à un haut niveau de pollution de l’air et de l’eau ne l’est pas nécessairement. Il nous faudra toutefois investir rapidement dans la réhabilitation de ces écosystèmes qui sont en plein épanouissement. Les Nations Unies ont déclaré la décennie 2021-2030 « Décennie pour la restauration des écosystèmes ». La restauration ou la réhabilitation des écosystèmes sont bénéfiques pour l’eau, la terre, les populations et la résilience de notre planète, améliorant la biodiversité et stimulant la croissance économique. Concevoir des écosystèmes sains et efficaces permettra de redresser certaines des situations problématiques de notre planète – maintenant et après la pandémie. Pour en savoir plus sur la réhabilitation des écosystèmes, communiquez avec moi (ou cliquez ici pour accéder à notre page CEROS sur la réhabilitation des écosystèmes [en anglais seulement]).
À propos de l’auteur :
George est au cœur de quelques-uns des plus grands projets de réhabilitation de cours d’eau au pays.