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Planifier la vie urbaine après la pandémie

27 avril 2020

Comment nous pouvons aider nos clients et les collectivités dans la transition vers un monde post-pandémie

Par David Dixon

La situation évoque un air de déjà-vu. En ces temps de coronavirus, les mots densité et urbanité suscitent des questionnements tout comme à la suite des événements du 11 septembre, alors que des articles importants comme Blueprint for a Better City (Wired, 1er décembre 2001) ont proclamé que la « densité cause la mort » et revendiqué un retour aux banlieues sécuritaires. Et récemment, le gouverneur d’un des États les plus peuplés des États-Unis a remis publiquement en question les modèles de croissance et mentionné l’exploration possible de modèles basés sur des densités réduites au lendemain de la crise de COVID-19.

La densité, qui est source d’interactions dynamiques dans la vie urbaine, est un élément fondamental des projets d’urbanisme et d’aménagement urbain que bon nombre d’entre nous continuent d’avancer ou s’apprêtent à rendre publics. Nous avons appris d’importantes leçons des événements du 11 septembre, dont la nécessité d’enrichir notre approche pour concevoir des milieux plus denses à l’aménagement remarquable, sans perdre de vue nos objectifs à long terme visant à bâtir des collectivités plus équitables et résilientes, où il fait bon vivre.

Alors qu’en cette période d’éloignement physique nous continuons de planifier l’avenir, nous avons besoin de réponses pour trois questions importantes :

  1. Est-ce que tous les efforts investis dans les projets d’urbanisme et d’aménagement sur lesquels nous travaillons, notamment pour répondre aux préoccupations des collectivités et susciter leur appui, sont toujours aussi importants?
  2. Est-ce que les enseignements tirés de la pandémie seront toujours pertinents dans le monde post-pandémie?
  3. Pouvons-nous intégrer ces enseignements dans les projets d’urbanisme déjà entrepris et devons-nous continuer d’aller de l’avant?

La réponse à ces trois questions est un OUI catégorique!

Répondant à l’objectif de concevoir « un parc qui est une rue et une rue qui est aussi un parc », le Distrito Santa Fe est un endroit public dynamique qui offre plusieurs espaces verts multiusages, une rareté dans la ville dense de Mexico.

La crise de la COVID-19 est riche d’enseignements importants en matière d’urbanisme

Même en ces temps difficiles, nous ne pouvons pas écarter la « nouvelle norme », soit les réalités incontournables qui continueront de façonner un avenir axé davantage sur l’urbanité pour nos collectivités au cours des prochaines décennies. Ces réalités ont émergé bien avant la pandémie et continueront de s’imposer une fois la crise terminée.

  • Nous devons accroître les occasions de profiter de la nature. L’effet positif le plus souvent noté de la pandémie dans nos villes, que ce soit en consultant Twitter ou en discutant avec des amis et des collègues de Boston et d’ailleurs en Amérique du Nord, c’est la réduction des véhicules dans les rues et l’air nettement plus propre. Deuxième effet remarqué? Plusieurs prennent moins leur véhicule et redécouvrent l’effet apaisant et nourrissant pour l’esprit d’une marche dans la nature.

  • Nous devons accroître le bien-être des collectivités en portant plus attention à ce que la science et les données nous indiquent concernant les résultats de nos projets d’urbanisme et d’aménagement. En réalité, les bienfaits de la densité sur la santé, la société, l’environnement et l’économie dépassent nettement les risques, et nous devons l’affirmer auprès des collectivités et accroître la préparation pour contrer les risques.

  • Nous devons redoubler d’efforts pour réduire les inégalités. Les répercussions économiques et celles sur la santé causées par la pandémie ont été nettement plus importantes pour les gens de couleur et ceux vivant dans la pauvreté.

Il est prévu que les changements démographiques importants qui s’accéléreront dans un avenir rapproché créeront une demande sans précédent de logements dans des centres-villes et des quartiers urbains à haut potentiel piétonnier.

Le centre d’études sur le logement de Harvard prévoit que les célibataires et les couples vont dominer la croissance du nombre de ménages et contribueront à la demande toujours en hausse des logements en milieu urbain. En creusant en profondeur, ces données suggèrent un potentiel de marché accru pour des quartiers centraux et urbains axés sur le confort et l’accessibilité des piétons. De plus, les ménages plus scolarisés (aux revenus plus élevés) qui représentent les talents propulsant l’économie du savoir sont plus susceptibles d’emménager dans des centres-villes et des quartiers urbains dynamiques que leurs pairs.  

Nous ne pouvons pas écarter la “nouvelle norme”, soit les réalités incontournables qui continueront de façonner un avenir axé davantage sur l’urbanité pour nos collectivités.

La population active vieillissante et l’économie du savoir en pleine croissance entraînent une concurrence sans précédent en Amérique du Nord pour les employés talentueux qui se font de plus en plus rares, et mettent en évidence l’importance des centres-villes et des quartiers urbains à haut potentiel piétonnier.

Alors que les industries du savoir alimentent fortement la croissance économique, une concurrence mondiale s’exerce. Des sociétés comme Brookings Institution et International Downtown Association (avec le soutien du groupe Espaces urbains de Stantec) indiquent que les villes dotées de centres-villes et de quartiers urbains dynamiques axés sur les piétons ont un grand pouvoir d’attraction. Même les travailleurs du savoir qui font du télétravail préfèrent établir leur domicile dans des espaces urbains qui favorisent les déplacements à pied. Dublin, en Ohio (à proximité de Columbus), est en train de densifier son centre-ville et d’en faire un endroit centré sur le confort et l’accessibilité des piétons pour attirer des entreprises de l’industrie du savoir ainsi que des talents qui désirent travailler de leur domicile. Plus important, le MIT’s Sloan School of Management rapporte que pour maintenir la capacité de croissance des emplois de tout ordre dans une région, il est essentiel d’attirer et de retenir les travailleurs scolarisés.

L’émergence de nouveaux modèles de pensée axés sur la mobilité soutiendra fortement les centres-villes et leurs quartiers urbains environnants.

De nos jours, les citadins dépensent presque la moitié moins de leurs revenus disponibles sur la mobilité comparativement aux banlieusards. Les technologies de micromobilité partagées et émergentes (par exemple, les services de transport coopératif Lyft ou les scouteurs électriques) qui se développent dans les milieux urbains renforcent cet avantage. Les spécialistes de la mobilité intelligente à Stantec sont d’avis que le futur de la mobilité se déclinera sous la forme des véhicules autonomes partagés dans les centres-villes et les quartiers urbains dont la densité peut soutenir un service à la demande, ce qui augmente la commodité et réduit les coûts.

Le groupe Espaces urbains de Stantec a proposé un nouveau quartier à vocation mixte dans la banlieue de Newton, au Massachusetts. Par référendum municipal, la collectivité a montré son appui à la conception de quartiers plus denses et plus respectueux de l’environnement.

Les premiers enseignements tirés de la pandémie de la COVID-19 peuvent enrichir et étendre les principes de base qui doivent nous guider dans nos projets visant à rendre nos collectivités plus conviviales :

  • Continuer de promouvoir des quartiers denses à haut potentiel piétonnier pour améliorer le bien-être, la compétitivité économique et la résilience des collectivités. Les données nous indiquent que les centres-villes et les quartiers urbains denses axés sur les piétons entraînent des retombées positives sur le plan de la santé publique et de la compétitivité des collectivités, fournissent des occasions de réduire les émissions de carbone et augmentent la résilience.

  • Accroître nos efforts pour favoriser l’équité dans chaque proposition présentée. L’équité prend plusieurs formes, dont les trois suivantes : bâtir beaucoup plus de logements abordables (pour toutes les personnes, peu importe les revenus) dans des quartiers urbains centraux où la demande continue de faire grimper les coûts; accroître la disponibilité d’une main-d’œuvre bien formée pour l’économie du savoir; et mettre sur pied de nouveaux programmes pour aider les entrepreneurs et les entreprises désavantagées à saisir les occasions dans une ère d’urbanisation.

  • Bâtir des collectivités à la fois plus denses et plus respectueuses de l’environnement. Tous les projets de densification ne sont pas égaux : le développement et le verdissement ne devraient jamais être mis en concurrence, l’un bénéficie à l’autre, et vice-versa. Les rues bordées d’arbres et les parcs verdoyants augmentent la valeur d’un aménagement urbain qui, en retour, soutient financièrement les efforts de verdissement local.

Les crises nous rapprochent en tant que collectivités, et soutenus par les autorités politiques, nous proposerons des projets ambitieux qui favoriseront des changements transformateurs. Une grande partie du renouveau urbain connu au cours des vingt dernières années découle des ressources financières déployées pour prévenir une débâcle économique à la suite des événements du 11 septembre et de la grande récession de 2008. Alors que nos efforts jusqu’ici axés sur la gestion de crise s’orientent vers la reprise, nous devons entretenir notre nouvelle volonté politique collective et tirer profit des nouvelles ressources octroyées par les gouvernements locaux et fédéral pour bâtir à partir de maintenant des espaces urbains plus prospères, plus équitables et sources de bien-être dans nos collectivités.

 

À propos de l’auteur :

Le magazine Residential Architecture a ajouté David à sa liste de sommités à titre « d’expert à consulter en matière d’espaces urbains ».

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