Quatre technologies pour améliorer la désinfection des bâtiments dans l’après-pandémie
26 juin 2020
26 juin 2020
Revoir la conception des bâtiments et les processus opérationnels pourrait grandement améliorer la santé publique
La pandémie de COVID-19 aura pour conséquences de transformer nos pratiques en matière de conception de bâtiments, en priorisant la santé publique et en atténuant la propagation de la maladie. Des technologies depuis longtemps utilisées dans les hôpitaux et dans les centres médicaux – mais n’ayant jamais été adoptées par les autres industries en raison de leurs coûts élevés – seront peut-être dorénavant intégrées à d’autres types de bâtiments publics.
Les installations médicales ont des protocoles de nettoyage très rigoureux visant à contrôler les infections nosocomiales (contractées en milieu hospitalier) ainsi que des approches de nettoyage automatisées et systémiques, en soutien au nettoyage manuel. Ces méthodes permettent de réduire le risque d’erreurs humaines. Il existe quatre techniques et technologies qui peuvent être facilement adaptées à d’autres contextes que le domaine de la santé :
L’utilisation de filtres à particules à haute efficacité (HEPA) joue un rôle clé pour prévenir la transmission de maladies. La COVID-19 se transmet d’un humain à l’autre par les gouttelettes et les aérosols que nous expulsons de nos poumons lorsque nous respirons, toussons, éternuons, nous mouchons, fumons ou vapotons. Ces gouttelettes retombent ensuite au sol dans un rayon de deux mètres autour de la personne qui les a expulsées, en l’absence de vent. Toutefois, les courants d’air créés par les systèmes de ventilation, de chauffage ou de climatisation (CVC) peuvent les transporter beaucoup plus loin. Bien que les filtres HEPA ne soient que partiellement efficaces contre les virus dû à dimension des gouttelettes et aérosols, ils peuvent tout de même bloquer les plus grosses gouttelettes auxquelles s’accroche le virus. Il est important d’installer ce type de filtres avant que les gouttelettes ne se déposent dans les systèmes de CVC. On les retrouve souvent dans les hôtels, dans les centres pour personnes âgées, dans les condos, dans les immeubles d’appartements, dans les adjonctions résidentielles et les solariums, et sont difficiles à désinfecter.
Les hôpitaux et les bâtisses commerciales sont aussi parfois désinfectés à l’aide d’ultraviolets germicides à haut rendement. Les ultraviolets germicides utilisent les rayons à ondes courtes (les UV-C) dans les unités de traitement de l’air, ce qui contribue à réduire les pathogènes en suspension. La combinaison de filtres HEPA et d’UV-C diminue grandement les risques de propagation des virus.
Les ultraviolets germicides peuvent être appliqués de différentes manières afin d’éliminer les pathogènes. Ils tuent les organismes et désactivent les virus sur la surface des objets, mais leur efficacité dépend de leur ligne de mire et de la distance à laquelle se trouve la source. Les surfaces qui ne sont pas directement exposées ne sont donc pas désinfectées.
Parmi les technologies qui utilisent les UV-C, on retrouve notamment les dispositifs UV-C à haut rendement qui peuvent décontaminer une pièce en 30 minutes environ. Ces appareils déjà ont démontré leur grande efficacité à désinfecter les chambres d’hôpital. Cependant, ils ne peuvent être utilisés dans des pièces occupées, car l’intensité de la lumière et le temps d’exposition posent un risque pour la peau et les yeux des humains.
On retrouve aussi des appareils de désinfection utilisant des lampes UV-C à haut rendement en mesure de désinfecter l’air d’un espace occupé. Ils peuvent être installés sur un mur, au plafond ou dans le coin d’une pièce, ils possèdent des volets qui dirigent la lumière vers le plafond, puis ils utilisent la convection forcée pour désinfecter l’air au-dessus des personnes qui se trouvent dans la pièce.
Afin d’améliorer la santé et la sécurité du public, ces pratiques devront être plus largement intégrées à nos stratégies de conception et de gestion des opérations.
Une autre méthode de désinfection qu’utilisent les établissements de santé est l’hydrogène de peroxyde, qui est vaporisé via un pulvérisateur ou un dispositif automatisé. Cette technologie crée un nuage de peroxyde d’hydrogène qui tue 80 à 90 % des micro-organismes.
Tout comme pour les systèmes d’UV-C à haut rendement, toute personne présente durant le processus doit porter un équipement de protection individuelle (ÉPI). Si c’est impossible, on peut alors utiliser un système de peroxyde d’hydrogène ionisé, qui crée un plasma ayant la même efficacité que le celui vaporisé, mais qui ne n’exige pas que les occupants portent un ÉPI. Ce type de système peut être installé dans une unité centrale de traitement de l’air ou comme boîte de fin de course d’un espace occupé. C’est la méthode la plus efficace pour désinfecter l’air et les surfaces, en plus d’être facile à utiliser. Cette technologie est plus récente que celle du peroxyde d’hydrogène vaporisé et elle n’est pas encore très répandue. De plus, comme elle peut servir à traiter les espaces en présence d’occupants, c’est un choix logique pour les divers types d’établissements commerciaux.
On rapporte souvent que le coronavirus resterait infectieux de plusieurs heures à quelques jours sur des surfaces telles que des poignées de porte, des barres d’appui et des comptoirs. Il pourrait même résister jusqu’à cinq jours sur certains métaux communs, mais seulement quatre heures sur les composants faits de cuivre et d’ion argent. Ces finis sont disponibles depuis une dizaine d’années, mais étant donné leur coût légèrement plus élevé et le manque d’intérêt pour les surfaces antimicrobiennes, leur utilisation demeure plutôt limitée.
L’installation de systèmes de portes automatiques - bien que plus coûteuse - est une autre approche simple employée dans les hôpitaux, dans les pharmacies et dans les entrées les plus achalandées afin de limiter la propagation de contaminants. Les pratiques en matière de conception qui seront appliquées après la pandémie devront considérer ce type de solutions afin de réduire la transmission des virus par contact.
La technologie peut nous aider à réduire le risque de propagation de maladies contagieuses. Cependant, elle doit combiner la distanciation sociale avec la désinfection des surfaces afin de contrôler la transmission de virus tels que le SARS-CoV-2. Afin d’améliorer la santé et la sécurité du public, ces pratiques devront être plus largement intégrées à nos stratégies de conception et de gestion des opérations.
Plus spécifiquement, nous devrons revoir la manière d’incorporer la distanciation sociale dans la conception de nos bâtiments de diverses façons :
Nous avons l’occasion de mettre en pratique les leçons que nous avons apprises lors de cette pandémie dans le cadre de la planification, de la conception et de la gestion des bâtiments de l’avenir. Ces changements rehausseront la qualité et la sécurité de notre environnement bâti, tout en prévenant une propagation rapide de futures maladies.
Traduction du blogue publié originalement sur le site Ideas de Stantec.
À propos de l’auteur :
Expert en conformité et en conception durable, Charles a passé plus de 45 ans à intégrer les meilleurs concepts mécaniques, électriques, structurels et en plomberie dans des projets au sein du secteur de la santé.