Urgence climatique : comment les gouvernements du monde entier font face à la crise
26 octobre 2021
26 octobre 2021
Les gouvernements du monde entier se fixent des objectifs climatiques et chacun d’entre eux est particulièrement bien placé pour agir
Par Ralston Mackenzie, Gordon Scott et Rosario Urrutia
Glasgow accueille la 26e Conférence des Parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26). Le conseil municipal a déclaré l’état d’urgence climatique et écologique en mai 2019 et a fixé un objectif de carboneutralité d’ici 2030. Nous avons demandé à Ralston Mackenzie, Principal Associate, Transports actifs et durables, ainsi qu’à Gordon Scott, chef d’équipe, Transports actifs, tous deux basés à Glasgow, de donner leur point de vue sur le plan d’action climatique de Glasgow.
Par où Glasgow doit-elle commencer pour atteindre son objectif?
La réduction des émissions dans le secteur des transports s’est opérée plus lentement que dans les secteurs domestique, commercial et industriel. Davantage d’efforts doivent être déployés pour changer la façon dont les gens se déplacent.
Le conseil municipal de Glasgow a commencé par fixer des objectifs et établir des politiques qui lui permettent d’accomplir d’importants progrès vers la réalisation de son ambitieuse cible de 2030. Il existe de nombreux programmes qui ont tous un rôle à jouer dans le façonnement d’une ville plus propre et plus verte. Glasgow a instauré la première zone à émissions limitées (ZEL) d’Écosse dans le centre-ville en 2018. La ZEL de la ville est conçue pour protéger la santé publique et encourager l’adoption de modes de transport plus durables. Elle s’appliquera à tous les véhicules entrant dans la ville à partir de 2023.
Quels sont les plus grands défis auxquels Glasgow doit faire face?
L’un de ces défis consiste à cibler et à encourager le changement de comportement. L’adaptation des populations peut prendre beaucoup de temps. Le plus grand défi est de faire accepter le message et de permettre ces changements.
Les options de transport et de déplacement doivent être offertes d’une manière juste, inclusive et équitable. Le dernier recensement de 2011 a révélé que 51 % des ménages de la région de Glasgow n’avaient pas accès à une voiture. Pourtant, l’environnement bâti est toujours dominé par des caractéristiques facilitant les déplacements en voiture. Il faut que davantage de personnes se sentent en confiance de faire du vélo en toute sécurité (plus particulièrement celles qui n’ont pas accès à une voiture), car ce mode de transport est relativement bon marché et il présente des avantages pour la santé.
Par où commencer? Qu’est-ce qui est le plus urgent?
Il faut commencer par ce qui fonctionne le plus efficacement. Pour influencer les habitudes des gens, il faut entrer dans leur psyché et comprendre ce qui va influencer leur prise de décisions. Les gens ont tendance à choisir leurs modes de transport en fonction de leur commodité et de leur coût, plutôt que de leur incidence potentielle sur le climat.
Les exploitants se sont efforcés d’adopter des approches flexibles. Une billetterie intégrée serait utile, tout comme une tarification plus équitable entre les modes de transport. Le Strathclyde Partnership for Transport prévoit investir massivement dans le réseau de métro, ce qui, espérons-le, sera un catalyseur du changement, même s’il faut assurer des transferts fluides entre les modes de transport pour les déplacements combinés. Le passage aux échangeurs favorisant la mobilité pourrait contribuer à influencer les comportements et à fournir des pistes cyclables distinctes et des voies piétonnières améliorées.
Nous avons besoin à la fois de mesures incitatives pour les déplacements durables et de mesures dissuasives à l’égard de l’usage de la voiture. Alors que nous sortons de la pandémie, les gens doivent se sentir en confiance de reprendre les transports publics. À l’heure où nous abandonnons le traditionnel « 9 à 5, 5 jours par semaine », la billetterie doit refléter les changements dans la façon dont les gens travailleront à l’avenir.
S’agit-il d’un objectif réaliste?
Atteindre la carboneutralité d’ici neuf ans est un objectif certes ambitieux, mais nous devons toujours nous efforcer d’agir dans ce sens. Les objectifs les plus rapprochés dans le temps sont plus souvent atteints que ceux qui se situent dans un avenir lointain. Nous devons travailler en collaboration avec d’autres secteurs pour faire bouger les choses.
D’autres villes ont montré que le fait d’être audacieux et d’investir dans des infrastructures de transport durable et actif génère de nombreux résultats positifs. L’évolution vers des options de déplacements durables doit être accélérée par des changements progressifs afin d’atteindre la carboneutralité.
Le Colorado est particulièrement vulnérable au réchauffement climatique et fait face à des risques accrus de feux de forêt catastrophiques, à une plus grande probabilité de sécheresses, à des risques accrus d’inondations, à la perte d’écosystèmes alpins et à des répercussions négatives sur l’industrie des sports d’hiver de l’État. Le Colorado s’est fixé des objectifs climatiques parmi les plus ambitieux, visant une réduction de 50 % des émissions d’ici 2030 et de 90 % d’ici 2050.
Par où le Colorado doit-il commencer pour atteindre ses objectifs?
Les principales sources d’émissions de gaz à effet de serre (GES) du Colorado sont le transport, la production d’électricité, de pétrole et de gaz et l’utilisation de combustibles dans les espaces résidentiels, commerciaux et industriels. En 2019, le gouverneur Polis a publié la feuille de route de son administration pour le passage à une énergie entièrement renouvelable d’ici 2040 et à des mesures vigoureuses de lutte contre les changements climatiques. La feuille de route détaillait les orientations, les politiques et les mesures prises par le Colorado pour assurer un avenir énergétique propre.
Lorsque la feuille de route a été publiée pour la première fois, elle a fait l’objet de critiques en raison de son manque de précision. Par exemple, pour atteindre les objectifs de réduction des émissions du Colorado, il faudrait que près de 100 % des voitures en circulation soient électriques et que la part de marché des nouvelles ventes de camions zéro émission atteigne 100 %. Pourtant, le gouverneur Polis n’est pas allé aussi loin que la Californie, qui a annoncé l’interdiction de la vente de voitures à essence d’ici 2035. Au lieu de cela, il a adopté une approche plus progressive, proposant des normes d’émissions dans les nouveaux plans de transport de l’État, une stratégie de camionnage propre et des revenus supplémentaires pour construire des bornes de recharge pour véhicules électriques.
Par où commencer? Qu’est-ce qui est le plus urgent?
Si l’incidence de l’industrie pétrolière et gazière sur les changements climatiques n’est pas bien prise en compte, les chances du Colorado d’atteindre ses objectifs pourraient être réduites. Certains affirment que la production de pétrole et de gaz devrait être en tête de liste en raison de l’ampleur des émissions de méthane. Bien que le méthane ne soit pas le GES le plus abondant, il est cent fois plus efficace que le dioxyde de carbone pour piéger et retenir la chaleur. L’industrie pétrolière et gazière du Colorado fait partie des industries de l’État qui produisent le plus d’émissions de méthane.
Le Colorado doit également accorder la priorité à l’action climatique dans les collectivités touchées de manière disproportionnée. Certains ont déclaré que le plan, dans sa forme actuelle, pourrait en fin de compte perpétuer l’injustice environnementale au Colorado.
Le Colorado a publié sa feuille de route pour la réduction de la pollution causée par les GES le 14 janvier 2021. En juin, il a également révélé un ensemble ambitieux de mesures législatives nouvellement adoptées qui lui permettront de réduire la pollution causée par les GES provenant des bâtiments. Ces mesures lui permettront également d’améliorer la qualité de l’air intérieur, de protéger les consommateurs, de stimuler le développement économique rural et de soutenir des emplois de qualité.
Le Colorado exige désormais que les fonctionnaires de l’État prennent en compte le coût social du méthane dans leurs décisions réglementaires. Il s’agit du premier État à imposer une telle exigence. Pour déterminer les programmes rentables, les organismes de réglementation de l’État doivent intégrer dans leurs évaluations « les coûts des émissions de gaz à effet de serre, y compris le coût social des fuites ou des émissions de dioxyde de carbone et de méthane dans l’atmosphère », précise la loi.
La feuille de route est-elle réaliste?
Il s’agit d’une feuille de route, ce qui renvoie à un parcours. Nous sommes en territoire inconnu en tant qu’État, en tant que nation et en tant que planète entière. La science est claire quant à l’ampleur des changements que nous devons mettre en œuvre. La feuille de route indique comment réaliser ces changements de façon équitable pour toutes les collectivités.
Les objectifs de réduction des émissions de GES du Colorado sont réalisables, mais ils nécessiteront un travail de sensibilisation continu de notre part à tous. Nous devons veiller à ce que les actions, les lois et les politiques permettent d’atteindre les réductions d’émissions nécessaires pour rectifier immédiatement les orientations de toutes les industries.
Le Chili est confronté quotidiennement aux effets des changements climatiques, qu’il s’agisse des tempêtes qui menacent les côtes ou des sécheresses extrêmes. En 2020, le pays a renforcé son plan visant à atteindre le niveau maximal d’émissions de GES d’ici 2025 et la carboneutralité d’ici 2050. Nous avons demandé à Rosario Urrutia, directrice nationale de Stantec au Chili, de nous faire part de son point de vue.
Par où le Chili doit-il commencer pour atteindre son objectif?
Le Chili a déjà entamé le long parcours qui devrait nous mener vers un développement plus « vert », où nous pouvons interagir avec notre environnement de manière plus durable.
Quels sont les plus grands défis auxquels le Chili doit faire face?
Le principal défi auquel le Chili est confronté est la sécheresse persistante qui nous touche depuis plus de dix ans. Le manque de précipitations a fait progresser la désertification vers la zone la plus peuplée du pays, connue sous le nom de zone centrale. En plus d’avoir des conséquences sur la disponibilité de l’eau pour notre population, ce phénomène a des répercussions dramatiques sur notre agriculture et les activités productives du pays. Comment pouvons-nous poursuivre notre développement en tant que pays tout en acceptant cette nouvelle réalité? Nous devons apporter à notre mode de vie des changements responsables qui nous permettent d’aller de l’avant.
Par où commencer? Qu’est-ce qui est le plus urgent?
La question de l’eau est vitale et urgente. L’utilisation rationnelle de l’eau, sa réutilisation, l’adaptation des cultures, la protection des glaciers et la recherche de nouvelles sources d’énergie sont toutes des actions à mener de toute urgence.
Toutes ces mesures doivent s’accompagner d’un processus d’information et de sensibilisation qui permette de faire prendre conscience de la fragilité de notre écosystème et des graves conséquences de la méconnaissance de sa dynamique.
S’agit-il d’un objectif réaliste?
Les objectifs que le Chili s’est fixés à court et à moyen terme sont réalistes. En fait, bon nombre des actions mentionnées ci-dessus ont déjà été entreprises. Toutefois, nous avons besoin d’une véritable prise de conscience, non seulement par les autorités, mais aussi par tous les habitants du pays. En tant que pays, il faut nous rappeler qu’il est possible d’atténuer les effets des changements climatiques et que nous ne pouvons nous développer que si nous parvenons à une croissance durable.
Traduction du blogue publié originalement sur le site Ideas de Stantec.
À propos des auteurs :
Directeur de projet spécialisé dans le secteur des transports, Ralston Mackenzie possède plus de 24 ans d’expérience dans le domaine des aménagements résidentiels, de l’ingénierie de la circulation et du transport actif.
Planificateur et ingénieur en transport, Gordon Scott gère des projets portant sur un large éventail de questions en matière de transport dans divers secteurs.
Rosario Urrutia possède plus de 25 ans d’expérience dans des postes clés dans le domaine de l’environnement. Elle a réalisé des études, des évaluations et des audits pour des projets dans les secteurs minier, énergétique et industriel ainsi que dans les secteurs de la promotion immobilière et des infrastructures, tant dans le secteur public que privé.