Pandémie : Concevoir des établissements de santé qui répondent aux besoins
24 mars 2020
24 mars 2020
Quelles leçons pouvons-nous tirer de la réponse de Singapour à la pandémie de COVID-19? Quelle sera l’incidence de cette pandémie sur la prochaine génération d’hôpitaux?
En 2003, la petite cité-État de Singapour a été fortement touchée par l’épidémie de SRAS. Parmi les 238 cas répertoriés, 40 % étaient des travailleurs de la santé et 33 personnes atteintes sont décédées. La population en est ressortie ébranlée, et les autorités de Singapour ont pris d’importantes mesures pour que la collectivité soit mieux préparée « pour la prochaine épidémie ». Entre autres, les autorités ont mis en place un programme national de prévention et d’intervention, le Disease Outbreak Response System Condition (DORSCON). En cas d’épidémie, un code de couleur indique l’état de la situation et le cadre stratégique procure des lignes directrices générales pour prévenir et lutter contre la transmission de la maladie. Ce programme a été mis à l’épreuve et a produit de bons résultats au cours des dernières années lors des épidémies de MERS (syndrome respiratoire du Moyen-Orient, 62 cas soupçonnés, tous négatifs) et de H1N1.
De 2016 à 2019, j’ai travaillé à Singapour à titre d’architecte d’établissements de santé. Bien que le programme DORSCON avait été mis en place de nombreuses années auparavant, son incidence se faisait encore sentir sur la conception et l’exploitation des hôpitaux.
Dès que l’information concernant des cas de pneumonie suspects à Wuhan, en Chine, s’est répandue fin décembre 2019, Singapour a commencé à se préparer. Non seulement les autorités avaient un plan, mais elles l’ont mis à exécution avec une précision quasi militaire. En début février, les autorités ont décrété le code DORSCON orange (le deuxième plus haut niveau d’alerte), lequel est encore en vigueur.
Plusieurs agences de santé publique internationales, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), font l’éloge du modèle adopté par Singapour, certaines le qualifiant de « règle d’or ». Des modèles similaires sont utilisés à Hong Kong, à Taiwan et en Corée du Sud, des pays qui furent aussi touchés par le SRAS.
Les paliers supérieurs du gouvernement qui interviennent tôt et qui agissent rapidement, voilà la clé du succès.
Voyons comment ces pays ont mis en place avec succès des campagnes de sensibilisation du public et des mesures d’intervention lors de situations de crise sanitaire, dont la pandémie de COVID-19 :
Quand une infrastructure de réponse est en place, il est possible de concevoir des établissements qui soutiendront les interventions prévues. J’ai tiré des leçons précieuses de mon expérience à Singapour en ce qui a trait à la conception d’établissements de santé qui permettent d’agir rapidement en temps de crise.
Le premier projet sur lequel j’ai travaillé était le nouveau service des urgences au pavillon H9A de l’hôpital général de Singapour. Le principe au cœur de l’énoncé de projet était « il ne s’agit pas de savoir si un événement important frappera, mais plutôt quand il aura lieu », en écho à la campagne de sensibilisation de la population aux situations de crise, qu’il s’agisse de problèmes de santé ou d’attaques terroristes, principe dont nous devions tenir compte à chaque étape de conception. J’ai appris que la même approche était utilisée pour d’autres installations dans la cité-État, à la suite de l’élaboration d’une stratégie nationale bien définie.
Les aspects les plus importants en matière de conception ne sont peut-être pas nouveaux pour un spécialiste des établissements de santé. Mais, ce qui distingue l’approche adoptée par Singapour des autres utilisées dans le monde est l’échelle à laquelle la cité-État est prête à déployer des efforts et la quantité importante de ressources qu’elle est prête à consacrer à cet effet.