Cinq questions à poser avant de rédiger un appel d’offres pour un projet de décarbonation.
08 novembre 2023
08 novembre 2023
Les clients bien préparés ont de meilleures chances d’élaborer un plan de transition énergétique répondant à leurs objectifs
Par Tanya Doran
La décarbonation est sur toutes les lèvres. Les entreprises, les organisations et les municipalités sont désormais tenues d’élaborer une stratégie de décarbonation.
Dans le cadre de leurs efforts en faveur du développement durable, elles lanceront, un jour ou l’autre, un appel d’offres pour un projet de décarbonation. Mais les offres qu’elles recevront ne correspondront peut-être pas à ce dont elles ont vraiment besoin. En effet, plutôt que de bénéficier d’une occasion de révolutionner leurs activités et de viser un avenir à faibles émissions de carbone ou carboneutre, elles pourraient en fait rater la cible.
Voici donc cinq questions que les clients, entreprises, organisations ou municipalités, devraient se poser avant de rédiger leur appel d’offres.
Les appels d’offres liés à la décarbonation peuvent varier simplement en raison des différentes définitions que l’on donne au terme. La décarbonation est un domaine très vaste. Posez cette question à trois personnes et vous obtiendrez peut-être trois réponses différentes. Certains considèrent que la décarbonation consiste en une électrification. Mais il ne s’agit pas, dans tous les cas, que d’une électrification seulement. Cela dépend du courant des réseaux, des différences entre ces réseaux, de leur fiabilité et de la source d’énergie. La prise de décisions concernant la décarbonation peut varier selon l’endroit où l’on se trouve, c’est-à-dire dans une province ou un marché dont le réseau électrique est propre ou dans un endroit où le réseau électrique génère davantage d’émissions de carbone.
L’achat de certificats d’énergie renouvelable peut également avoir une incidence sur la stratégie d’une entreprise.
Pour un client, la définition de la décarbonation est étroitement liée à sa vision de la transition énergétique. Le cœur de la question réside dans le fait qu’il reste 26 ans avant 2050 et l’objectif de carboneutralité à l’échelle mondiale. Puisque la durée de vie de l’équipement est d’environ 25 ans, les décisions prises aujourd’hui auront une incidence sur l’atteinte de la cible de zéro émissions nettes d’ici 2050. Est-ce que cela signifie qu’il faut automatiquement choisir l’électrification, en supposant que toute l’électricité sera propre à ce moment-là? Non. Pour bien comprendre les besoins du client, il faut d’abord connaître sa définition de la décarbonation.
Les clients sont souvent à la recherche d’un plan de décarbonation. Certains d’entre eux demandent une analyse énergétique. Ils souhaitent avoir une base de référence et connaître les mesures de conservation d’énergie proposées pour décarboner l’ensemble de leurs bâtiments. Ces clients ne connaissent pas leur situation actuelle. Ils ne comprennent pas leur consommation d’énergie ni leur consommation de gaz naturel. Ils sont donc à la recherche de pistes pour établir des bases de référence et pour mieux comprendre leur situation actuelle, et une analyse énergétique de leurs bâtiments (individuellement ou dans l’ensemble) peut les aider en ce sens.
D’autres clients, quant à eux, disposent déjà d’une base de référence complète et connaissent exactement leur consommation d’énergie. Ils sont prêts à amorcer leur transition énergétique et à élaborer un plan de décarbonation. Leurs objectifs pour 2040 et 2050 sont clairs et ils souhaitent faire concorder leurs cycles budgétaires avec leurs efforts de décarbonation.
Puis, il y a les clients qui se situent entre les deux. Par exemple, un client a demandé à Stantec un plan basé sur les stratégies énergétiques déterminées lors de l’analyse énergétique de 50 de ses 250 bâtiments. Il souhaitait obtenir de l’aide pour élaborer une politique permettant d’orienter sa transition énergétique.
Lorsqu’il est question de réduction des émissions de carbone, les clients ont tous des points de départ différents. Et Stantec peut les aider à fixer des objectifs et à les atteindre au rythme qui leur convient.
En ayant une meilleure idée de l’envergure et de la complexité du projet et des solutions possibles, les clients ont plus de facilité à comparer des mesures globales à des mesures ponctuelles.
C’est une chose d’établir un objectif, mais c’en est une autre d’avoir une politique ou une directive qui oriente les projets et qui réduit ainsi les incertitudes. Même des clients ayant des objectifs de décarbonation sont clairs sont par moments bloqués et inactifs relativement à leurs projets. Ils ont beau avoir rendu publics des objectifs et des politiques décrivant précisément leurs cibles et leurs processus, lorsqu’il s’agit de mettre en place la stratégie énergétique pour un bâtiment donné, ils se questionnent à savoir si les politiques s’appliquent au projet.
Il peut donc s’avérer utile pour les clients de pouvoir compter sur des conseillers capables de les guider relativement à leurs politiques. Qui plus est, ces conseils peuvent générer des économies d’argent. Par exemple, lors d’un projet récent, Stantec en était à 66 % d’avancement dans la conception lorsque le projet a été suspendu pendant plus de six mois. Le client souhaitait consulter à nouveau ses documents directeurs pour savoir s’il devait vraiment appliquer les objectifs de carboneutralité au projet. Et c’était effectivement le cas.
Ce processus, ou l’absence de processus, alimente le mythe selon lequel la décarbonation et les bâtiments à haut rendement énergétique engendrent des coûts élevés. Ceux-ci sont certainement plus élevés lorsque les études de conception doivent être recommencées ou lorsque la capacité de produire de l’énergie renouvelable sur place doit être intégrée au concept tard dans le projet. Mais les choses n’ont pas à se dérouler ainsi.
Le fait d’être bien informé tout au long du processus augmente les chances de réussite. Une fois les objectifs de décarbonation et les politiques clarifiés, il est important pour un client de se familiariser avec le vaste éventail de solutions de conception et d’ingénierie proposées.
En ayant une meilleure idée de l’envergure et de la complexité du projet et des solutions possibles, le client a plus de facilité à comparer des mesures globales de décarbonation à des mesures plus ponctuelles. Cela lui permet de définir le niveau de services requis, ainsi qu’un budget approprié, de manière à atteindre les objectifs de décarbonation.
Les codes actuels pourraient bientôt être désuets. Sans compter que de passer de la vision d’un projet, à la conception, jusqu’à l’occupation des lieux, cela prend des années. Il est donc important de tenir compte des changements qui seront apportés aux codes et aux règlements dans le marché, mais également de réfléchir à la technologie et aux normes sur lesquelles sera basée la conception.
En outre, il faut tenir compte des stratégies dans les marchés de pointe et il peut s’avérer utile pour les clients de travailler avec quelqu’un qui est en mesure de les aider à adopter ces approches novatrices, de manière à rester à l’avant-garde. Les stratégies novatrices sont également un bon moyen de réduire les coûts initiaux et d’exploitation, et de préparer les projets pour l’avenir en s’assurant qu’ils ne soient pas un frein à la décarbonation.
Tout d’abord, les clients doivent établir leurs objectifs et s’assurer que leur appel d’offres correspond à ces objectifs. Et il est primordial de bien comprendre ce que les termes utilisés signifient. Par exemple, les termes « zéro émissions nettes » et « bilan énergétique zéro » n’ont pas nécessairement la même signification selon les secteurs d’activités.
Ensuite, il faut tenir compte de la stratégie en matière de développement durable de l’entreprise. A-t-elle une politique de bâtiment durable en place ou un guide qui oriente ses objectifs? En l’absence de critères définis à chaque étape de l’appel d’offres, le fait d’établir des éléments d’orientation devient essentiel à la réussite du projet.
Il est également important pour les clients de suivre l’évolution des normes et de la terminologie. Puisque les normes de certification sont importantes et continuent d’influencer le marché, il est primordial de bien les comprendre.
Les clients doivent aussi déterminer l’expertise et la méthodologie nécessaires à l’atteinte de leurs objectifs. Le fait d’établir les objectifs tôt dans le processus leur permettra d’avoir une idée générale de ce dont ils ont besoin pour y arriver. Souvent, Stantec aide les clients à définir la méthodologie qui les aidera à atteindre leurs objectifs. Plus les objectifs sont élevés, plus l’incidence des stratégies de lutte contre les changements climatiques et d’adaptation est grande. Conséquemment, le rôle des spécialistes et des experts techniques est encore plus important, qu’il s’agisse d’analyses du coût du cycle de vie ou de mesures visant la résilience climatique. Et compte tenu du niveau d’expertise requis, il convient de poser des questions pour avoir un aperçu des coûts et de la méthodologie.
Par exemple, si une évaluation complète de la résilience face aux changements climatiques s’avère nécessaire, il faut faire appel aux experts en sciences climatiques. Ce type d’évaluation prend en compte les effets du climat sur le bâtiment. Les experts en matière d’empreinte carbone, quant à eux, analysent les effets du bâtiment sur l’environnement. Il s’agit là de deux expertises différentes.
En outre, il convient de réfléchir aux coûts à débourser en fonction des services requis. Les projets attribués au soumissionnaire dont les honoraires sont les moins élevés ne bénéficieront probablement pas d’une approche globale en matière de décarbonation, mais plutôt de mesures ponctuelles et disparates. Le fait de travailler dès le début du projet avec une équipe intégrée de conseillers expérimentés et compétents peut contribuer à limiter les coûts imprévus et à maximiser les retombées du projet.
Il est important de voir grand et faire preuve d’un esprit de collaboration pendant la rédaction d’un appel d’offres. Les clients ne connaissent pas toujours l’étendue des possibilités lorsqu’il est question de technologie, de conception et de construction de bâtiments à faibles émissions de carbone. Il est possible d’en faire davantage à un coût moindre en s’y prenant tôt et en établissant des objectifs clairs. C’est pourquoi la participation de Stantec est souvent sollicitée lors d’appels d’offres, que ce soit pour obtenir des renseignements et des conseils ou pour intégrer des idées novatrices dès le début du processus.
Traduction du blogue publié originalement sur le site Ideas de Stantec.
À propos de l’auteure :
Tanya fait la promotion de la conception des bâtiments dans un objectif de développement durable.