Planifier la vie urbaine après la pandémie
27 avril 2020
27 avril 2020
Comment nous pouvons aider nos clients et les collectivités dans la transition vers un monde post-pandémie
La situation évoque un air de déjà-vu. En ces temps de coronavirus, les mots densité et urbanité suscitent des questionnements tout comme à la suite des événements du 11 septembre, alors que des articles importants comme Blueprint for a Better City (Wired, 1er décembre 2001) ont proclamé que la « densité cause la mort » et revendiqué un retour aux banlieues sécuritaires. Et récemment, le gouverneur d’un des États les plus peuplés des États-Unis a remis publiquement en question les modèles de croissance et mentionné l’exploration possible de modèles basés sur des densités réduites au lendemain de la crise de COVID-19.
La densité, qui est source d’interactions dynamiques dans la vie urbaine, est un élément fondamental des projets d’urbanisme et d’aménagement urbain que bon nombre d’entre nous continuent d’avancer ou s’apprêtent à rendre publics. Nous avons appris d’importantes leçons des événements du 11 septembre, dont la nécessité d’enrichir notre approche pour concevoir des milieux plus denses à l’aménagement remarquable, sans perdre de vue nos objectifs à long terme visant à bâtir des collectivités plus équitables et résilientes, où il fait bon vivre.
Alors qu’en cette période d’éloignement physique nous continuons de planifier l’avenir, nous avons besoin de réponses pour trois questions importantes :
La réponse à ces trois questions est un OUI catégorique!
Même en ces temps difficiles, nous ne pouvons pas écarter la « nouvelle norme », soit les réalités incontournables qui continueront de façonner un avenir axé davantage sur l’urbanité pour nos collectivités au cours des prochaines décennies. Ces réalités ont émergé bien avant la pandémie et continueront de s’imposer une fois la crise terminée.
Il est prévu que les changements démographiques importants qui s’accéléreront dans un avenir rapproché créeront une demande sans précédent de logements dans des centres-villes et des quartiers urbains à haut potentiel piétonnier.
Le centre d’études sur le logement de Harvard prévoit que les célibataires et les couples vont dominer la croissance du nombre de ménages et contribueront à la demande toujours en hausse des logements en milieu urbain. En creusant en profondeur, ces données suggèrent un potentiel de marché accru pour des quartiers centraux et urbains axés sur le confort et l’accessibilité des piétons. De plus, les ménages plus scolarisés (aux revenus plus élevés) qui représentent les talents propulsant l’économie du savoir sont plus susceptibles d’emménager dans des centres-villes et des quartiers urbains dynamiques que leurs pairs.
Nous ne pouvons pas écarter la “nouvelle norme”, soit les réalités incontournables qui continueront de façonner un avenir axé davantage sur l’urbanité pour nos collectivités.
Alors que les industries du savoir alimentent fortement la croissance économique, une concurrence mondiale s’exerce. Des sociétés comme Brookings Institution et International Downtown Association (avec le soutien du groupe Espaces urbains de Stantec) indiquent que les villes dotées de centres-villes et de quartiers urbains dynamiques axés sur les piétons ont un grand pouvoir d’attraction. Même les travailleurs du savoir qui font du télétravail préfèrent établir leur domicile dans des espaces urbains qui favorisent les déplacements à pied. Dublin, en Ohio (à proximité de Columbus), est en train de densifier son centre-ville et d’en faire un endroit centré sur le confort et l’accessibilité des piétons pour attirer des entreprises de l’industrie du savoir ainsi que des talents qui désirent travailler de leur domicile. Plus important, le MIT’s Sloan School of Management rapporte que pour maintenir la capacité de croissance des emplois de tout ordre dans une région, il est essentiel d’attirer et de retenir les travailleurs scolarisés.
De nos jours, les citadins dépensent presque la moitié moins de leurs revenus disponibles sur la mobilité comparativement aux banlieusards. Les technologies de micromobilité partagées et émergentes (par exemple, les services de transport coopératif Lyft ou les scouteurs électriques) qui se développent dans les milieux urbains renforcent cet avantage. Les spécialistes de la mobilité intelligente à Stantec sont d’avis que le futur de la mobilité se déclinera sous la forme des véhicules autonomes partagés dans les centres-villes et les quartiers urbains dont la densité peut soutenir un service à la demande, ce qui augmente la commodité et réduit les coûts.
Les premiers enseignements tirés de la pandémie de la COVID-19 peuvent enrichir et étendre les principes de base qui doivent nous guider dans nos projets visant à rendre nos collectivités plus conviviales :
Les crises nous rapprochent en tant que collectivités, et soutenus par les autorités politiques, nous proposerons des projets ambitieux qui favoriseront des changements transformateurs. Une grande partie du renouveau urbain connu au cours des vingt dernières années découle des ressources financières déployées pour prévenir une débâcle économique à la suite des événements du 11 septembre et de la grande récession de 2008. Alors que nos efforts jusqu’ici axés sur la gestion de crise s’orientent vers la reprise, nous devons entretenir notre nouvelle volonté politique collective et tirer profit des nouvelles ressources octroyées par les gouvernements locaux et fédéral pour bâtir à partir de maintenant des espaces urbains plus prospères, plus équitables et sources de bien-être dans nos collectivités.
À propos de l’auteur :
Le magazine Residential Architecture a ajouté David à sa liste de sommités à titre « d’expert à consulter en matière d’espaces urbains ».