Technologies émergentes : des aérogares plus efficaces et plus sûres
14 mai 2020
14 mai 2020
Les expériences sans contact et plus respectueuses des mesures d’hygiène procureront des retombées maximales sur le plan de la santé et amélioreront la résilience
Les technologies émergentes jouent un rôle clé pour créer un milieu sans contact et pour procurer aux passagers une expérience à l’aéroport qui satisfait aux exigences d’hygiène et d’éloignement physique. Toutefois, les technologies ne sont qu’une pièce du puzzle. Le fait de concevoir les bonnes solutions au moment opportun assurera que les retombées sont maximisées et durables.
Avant la pandémie, l’industrie de l’aviation développait déjà des technologies pour satisfaire aux besoins futurs de capacité, et apporter de nouvelles solutions pour maximiser la capacité des infrastructures existantes relativement au traitement des passagers. De nos jours, la pandémie de la COVID-19 a propulsé à l’avant-scène l’importance de l’hygiène dans les aérogares, notamment en raison de l’évolution des attentes des passagers. Du jour au lendemain, les avantages promis par les solutions numériques (espace accru, dispositifs sans contact, gain de temps) sont devenus plus attrayants et urgents à mettre en place.
En raison de la vision du futur modifiée par les préoccupations actuelles, les autorités aéroportuaires jetteront un nouveau regard aux solutions numériques qui assureront un équilibre entre le respect des exigences de distanciation physique et l’offre d’une expérience sans contact aux voyageurs.
Les voyageurs verront peut-être bientôt les solutions numériques suivantes :
Terminaux biométriques d’identification : La reconnaissance faciale permet de vérifier sans contact les voyageurs qui se déplacent dans l’aérogare. En fournissant une identification biométrique à l’avance à l’aide d’une application sur téléphone intelligent, le processus se fait de manière transparente. Les passagers sont identifiés par des dispositifs de reconnaissance faciale au moment où ils franchissent la porte de l’aérogare, ce qui leur évite de présenter un passeport ou une carte d’accès à bord, ou même de se présenter à un comptoir ou à un kiosque libre-service.
Partage de données : Grâce à la mise en place de services sécuritaires de partage de données qui combinent les renseignements provenant de multiples agences et qui sont accessibles au moyen d’une seule application, les voyageurs pourront prendre sur-le-champ des décisions relatives à leurs déplacements. Offerts avant l’arrivée à l’aéroport ou n’importe où dans l’aérogare, les services de partage des données rendront la planification des voyages plus agréable et les déplacements plus faciles, donneront accès à l’avance aux services de réservation et amélioreront les stratégies d’appel des passagers aux portes d’embarquement. Les passagers ayant ainsi plus de facilité à prévoir et à effectuer leurs déplacements dans l’aérogare, il sera possible de minimiser l’affluence et de réduire le stress.
Dépôt décentralisé et suivi des bagages : L’identification intégrée des bagages à laquelle s’ajoutent des fonctionnalités de suivi améliorées permettra d’accroître les options de récupération et de livraison des bagages, options gérées par les passagers eux-mêmes à l’aide de leur téléphone intelligent – ce qui pourrait possiblement éliminer les étiquettes imprimées de bagages. Cela permettra de recourir davantage à des dépôts décentralisés des bagages et, en fin de compte, de réduire le nombre de passagers qui passent la porte du terminal avec des bagages à la main. Non seulement les contacts physiques avec les machines d’étiquetage et de dépôt seront éliminés, mais de l’espace sera libéré dans l’aérogare et en amont, dans les réseaux de transport en commun.
Au fur et à mesure de l’usage plus répandu de ces solutions, l’équipement servant aux procédures existantes deviendra graduellement obsolète et sera complètement retiré des lieux. L’espace ainsi libéré permettra aux autorités aéroportuaires de trouver un équilibre entre exigences d’éloignement physique et nouvelles activités commerciales. Prenons l’exemple d’un passager qui s’apprête à prendre son vol :
Enregistrement : Grâce à la vérification à la volée, aux procédures effectuées hors site et au dépôt décentralisé des bagages, il sera possible de retirer du hall d’enregistrement la plupart des comptoirs d’enregistrement et de bagages qui obstruent l’espace. Tout bagage qui franchira la porte du terminal pourrait être emporté par des véhicules automatisés (robots), déjà mis à l’essai dans certaines aérogares. Une telle technologie éliminera les contacts avec les machines de dépôt des bagages ou avec les chariots à bagages, qui prennent de l’espace et nécessitent des ressources opérationnelles.
Départ : Les procédures classiques de sécurité entraînent souvent la formation de longues files d’attente et l’équipement nécessaire occupe beaucoup d’espace dans le terminal. Des technologies avancées de détection couplées avec des dispositifs d’identification biométriques laissent entrevoir que la sécurité et les douanes seront combinées en un seul poste de contrôle à traverser. Les passagers n’étant plus obligés de vider leurs sacs, de retirer leurs chaussures et de manipuler des plateaux, les contacts physiques et les files d’attente pourraient pratiquement être chose du passé. L’équipement des nouvelles procédures nécessitant une plus faible empreinte au sol, de l’espace sera disponible pour assurer l’éloignement physique.
Embarquement : Alors que l’enregistrement et la sécurité sont abordés sur le plan des déplacements des passagers dans l’aérogare, la zone post-sécurité suscite des préoccupations au chapitre de l’expérience. Pour créer de l’espace pour tous, il faut éliminer l’affluence dans les zones d’embarquement. Grâce aux services de partage de données, les voyageurs disposeront de plus de temps pour aller au restaurant ou dans les boutiques, ce qui réduira la nécessité d’offrir des aires remplies de fauteuils pour accueillir les voyageurs en attente de leur vol. Les passagers recevront des mises à jour précises concernant l’état de leur vol et l’heure d’embarquement. Ces services alliés aux dispositifs d’identification biométrique vérifiant l’identité des passagers franchissant les portes d’embarquement contribueront à réduire l’affluence (et le stress) à l’embarquement.
Ces solutions aideront naturellement à maintenir l’éloignement physique, à éliminer les interactions avec les agents à l’embarquement et l’équipement de traitement, et à réduire le stress. Ces objectifs pourront être soutenus par les innovations commerciales qui réduiront les files d’attente et favoriseront le respect des mesures d’hygiène et de santé.
Les nouvelles technologies qui seront offertes sur le marché au cours des prochaines années présenteront des difficultés en matière d’implantation pour les concepteurs et les autorités aéroportuaires.
Les nouvelles technologies changeront graduellement nos façons d’interagir dans l’environnement aéroportuaire, tout comme la conception des terminaux aura une incidence sur l’expérience des passagers.
Une aérogare est constituée d’un ensemble de composants qui participent à la fluidité du trafic des passagers. Le fait d’y ajouter un nouveau composant ou d’en modifier un existant aura une incidence directe sur l’espace et le temps dont aura besoin un passager pour se déplacer aisément de l’entrée de l’aérogare à la porte d’embarquement. Les autorités aéroportuaires et les concepteurs doivent agir avec doigté et faire preuve d’une étroite collaboration. Prévoir trop ou pas assez d’espace peut entraîner des conséquences pour les passagers et les aérogares, et peut potentiellement réduire les avantages qu’offrent les nouvelles technologies sur le plan de l’hygiène.
Certaines des technologies mentionnées font déjà l’objet d’essais ou de projets pilotes, mais il faudra attendre encore plusieurs années pour leur utilisation à large échelle pour des raisons de complexité, de coûts ou de réglementation. Cela soulève des questions relativement à la disponibilité, au moment d’implantation et aux incidences sur la planification des aérogares. Avec l’attrait renouvelé de ces solutions du point de vue de la santé des passagers, nous devrions constater une réduction des temps de développement.
L’implantation d’une nouvelle technologie comporte de nombreuses difficultés, particulièrement en ce qui a trait à la façon dont la technologie s’intègre aux composants existants dans l’aérogare et au parcours global du passager. Il faut aussi considérer comment les nouveaux composants sont gérés et comment les passagers les utiliseront. Trouver l’équilibre au fur et à mesure que les nouvelles technologies seront disponibles sera la clé pour maximiser et préserver les avantages potentiels sur le plan de la santé.
Il est essentiel que les agences gouvernementales et les exploitants approuvent l’utilisation des technologies transformatrices pour que celles-ci soient mises à l’essai et intégrées de manière appropriée dans l’expérience passager. Les avantages dépasseront largement les inconvénients de la courte courbe d’apprentissage nécessaire à leur utilisation. Les technologies seront nettement visibles; ainsi les passagers seront rassurés et ils auront confiance de prendre leur vol. De plus, cela rendra l’expérience de voyage plus saine, et protégera les passagers ainsi que les exploitants. Concilier les objectifs d’espace et de capacité de traitement au fur et à mesure qu’apparaîtront les nouvelles technologies est la clé, sinon les avantages sur le plan de la santé seront minés par l’affluence continue des passagers. Moderniser les technologies existantes ne représente qu’une solution partielle.
À propos de l’auteur :
Concepteur basé à Vancouver, Adam est un spécialiste des aérogares. Il a participé aux plus importants projets aéroportuaires de Stantec, dont le terminal 6 à JFK et le programme CORE de l’aéroport de Vancouver.